Auteur Blandine BERGERET
A comme...
*Boris Cyrulnik est l’un des pionniers de l’éthologie française. Il est aussi neuropsychiatre, psychanalyste, psychologue. Auteur de nombreux ouvrages, il est convaincu que l'homme peut surmonter les pires tragédies. Cette théorie de la «résilience», qu'il développe lui a valu la célébrité.
Anticipation
SUPPLY CHAIN PLANET
L'Abécédaire de la Supply Chain
Piloter par anticipation,clé d’une Supply Chain performante et résiliente Conférence du jeudi 24 novembre 2011, organisée par L’Association des Anciens Elèves de
l’ISLI L’environnement actuel (volatilité des matières premières, mondialisation, délais raccourcis, diminution des stocks, réglementation…) fait peser sur les entreprises des risques endogènes et exogènes. Cette pression ambiante augmente la vulnérabilité des Supply Chain qui, trop souvent, subissent l’aléa ou le dysfonctionnement en le gérant dans l’urgence pour limiter les dégâts immédiats. Malgré un environnement perturbant, le pilotage par anticipation des risques est un point essentiel pour développer durablement la résistance et l’endurance d'une Supply Chain, autrement dit sa résilience. La résilience, qui est un terme applicable à de nombreux domaines (physique, médical, économique, écologique…) et largement utilisé dans le monde du conseil, est, selon la définition de Boris Cyrulnik*, « la capacité à se développer dans des environnements qui sont délabrants ». Même si la notion de risque est complexe et que celui-ci est divers et omniprésent, le principe du pilotage par anticipation consiste à identifier et projeter les risques probables ou possibles, c'est-à-dire de déterminer les éléments qui ne se passeront pas comme prévu, quels qu’en soient les faits générateurs. Peu importe que le transport soit en retard à cause d’une grève ou d’une tempête, le camion est en retard et ce sont les conséquences liées à cette situation qui doivent être prises en considération afin d’envisager les solutions (de back-up par exemple, lorsqu’une ligne de production tombe en panne) ou les actions à mener pour endiguer la crise, comme prévenir immédiatement le client d’un problème qualité et rappeler immédiatement la marchandise. Les décisions et les plans d’actions ne sont plus pris sur les évènements constatés mais bien sur leurs conséquences. Il s’agit de « mettre en œuvre une boucle vertueuse du pilotage par anticipation » selon Hervé HILLION, associé du Cabinet de conseil en entreprises Mazars, et de regarder l’évènement en envisageant ses conséquences par rapport à la performance globale et transversale pour toutes les parties prenantes, internes et externes à l’entreprise. La cartographie des risques permettra ainsi leur anticipation pour mieux les contrôler et en réduire l’impact, en prévoyant leur traitement et leur pilotage avec des plans d’actions déterminés à l’avance. Alain ROSET, Directeur « Prospective 2015 » du Groupe la Poste, en charge de la coordination de l’ensemble des projets de prospective et d’innovation au sein de la division Courrier, expérimente la méthode depuis une quinzaine d’années. L’ampleur de la mission est de taille car le traitement du courrier englobe 3 000 tonnes de documents au quotidien, plus de 2 millions de kilomètres parcourus tous les jours, 150 000 boîtes aux lettres et 3000 centres de tri qui travaillent 6 jours sur 7 et 24h sur 24, avec des objectifs de délai de bout en bout, mesurés par un organisme indépendant. Depuis 15 ans, le Groupe La Poste a mis en place diverses solutions d’anticipation afin de réguler la capacité d’intervention sur les aléas et conserver la qualité de la distribution du courrier. C’est le cas, par exemple, de 7 sites back-up de tri qui, en cas d’engorgement des sites principaux, reprennent le flambeau le temps que dure l’élément perturbateur. Bien que ces 7 sites soient sous-exploités (ils ne fonctionnent en moyenne annuelle qu’à 15% de leur capacité), le coût engendré est malgré tout largement inférieur à l’ensemble des frais liés à la désorganisation consécutive à un aléa non anticipé. L’optimisation des derniers kilomètres, ceux effectués par les facteurs, a également été revue. Sur la base d’une estimation statistique du trafic, le nombre de personnes nécessaires au traitement des flux journaliers a pu être adapté : le constat, par exemple, de la baisse du flux les lundi et mardi, a permis une bien meilleure anticipation dans l’organisation humaine, en adaptant le trafic aux congés et profils de présence. Depuis quelques mois, la Poste travaille avec le groupe Corail Sofware pour aller encore plus loin dans le pilotage par anticipation avec, notamment, un projet pilote de suivi en temps réel des actions sur le terrain qui permettra d’avoir une meilleure capacité de déroutage et de réaction immédiate à des risques constatés. Perplexe au démarrage, de par la simplicité de l’idée et l’ampleur de la tâche quand on a le nez dans l’opérationnel du matin au soir, je me suis amusée à projeter l’expérience dans la vie de tous les jours. J’ai rapidement constaté que, naturellement, l’anticipation des risques est une affaire du quotidien. Qu’il s’agisse d’attraper son train à l’heure, de préparer la rentrée scolaire, de réserver à temps ses vacances… nous nous évertuons tous les jours et spontanément à prévoir et anticiper les risques de retard, de rayons vides ou de vols surbookés. Notre vie quotidienne est ainsi jonchée de parapluies pour limiter les effets de risques éventuels. Alors pourquoi pas, en effet, appliquer la méthode dans notre vie professionnelle ? Anticipons, sera donc ma conclusion ! Blandine BERGERET/ Décembre 2011
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